Cicatrisation : comment accélérer la guérison des blessures ?

Notre corps est un maître de la régénération : il le prouve surtout lorsqu'il s'agit de soigner des blessures. Que ce soit après une opération ou une coupure avec un couteau de cuisine, la peau parvient généralement à guérir d’elle-même. Alors, pourquoi une blessure guérit-elle mal dans certains cas ? Et comment peut-on favoriser le processus de cicatrisation ?

Lorsque notre peau est blessée, elle essaie de refermer le tissu affecté le plus rapidement possible. C'est un processus essentiel afin que les germes et les stimuli environnementaux - tels que le froid ou les frottements – ne causent pas de dommages supplémentaires. Les différentes phases de cicatrisation représentent un travail difficile pour notre organisme :

1- Nettoyage (phase d'exsudation) : les saignements nettoient la plaie ; toutefois, une perte importante de sang peut être dangereuse. C'est pourquoi la coagulation du sang commence peu de temps après pour stopper l’hémorragie. Le corps va ensuite produire une plus grande quantité de sécrétions au niveau de la plaie, afin de s’assurer que les germes, la saleté et les vieilles cellules soient éliminés. Les globules blancs – tels que les macrophages et les granulocytes – interviennent également lors du processus afin de combattre les bactéries et les corps étrangers. Cette phase se termine normalement au bout de trois jours.

2-Réparation (phase de granulation) : les vaisseaux sanguins et le tissu conjonctif commencent maintenant à se développer du bord de la plaie jusque dans la zone. Grâce à la forte densité vasculaire, le nouveau tissu est rouge et humide. En raison de la formation de collagène - une substance protéique de la peau et du tissu conjonctif - la plaie se referme progressivement à mesure que les bords de la plaie se contractent. Ce processus prend généralement jusqu'à dix jours. Des croûtes – composées de plasma sanguin séché et de cellules sanguines – se forment souvent au cours de ce processus afin de protéger la zone blessée.

3- Régénération (phase d'épithélialisation) : le nouveau tissu devient plus solide et plus stable ; la formation de vaisseaux ralentit et les sécrétions diminuent. Le tissu cicatriciel se forme progressivement. Au bout de trois mois, il est complètement formé et résistant.

En quoi la cicatrisation primaire et la cicatrisation secondaire sont-elles différentes ?

On parle de cicatrisation primaire lorsque les bords de la plaie saine se ressoudent directement. C'est le cas lors de petites coupures, après une opération ou lorsqu'une plaie a été suturée. Il se forme une cicatrice étroite qui n'entraîne pas d'autres complications.

La cicatrisation secondaire, en revanche, concerne les grandes blessures pour lesquelles les bords de la plaie ne peuvent pas se réunir. Le corps va alors remplir la blessure de l'intérieur avec de nouveaux tissus. Cette cicatrisation dite « ouverte » se retrouve également chez les patients alités ou les ulcères du pied dus au diabète. Et parfois, c'est intentionnel : les plaies infectées doivent guérir ouvertement afin que les germes ne puissent pas se multiplier sous la suture, mais aussi pour que le pus et les sécrétions puissent s’écouler.

Lorsqu'une blessure guérit mal ou pas du tout, différents symptômes apparaissent selon la cause du trouble de la cicatrisation :

• Déchirures dans le tissu de la plaie
• Les bords de la plaie ne se réunissent pas
• Apparition d’ecchymoses
• Accumulation de sécrétions sous la plaie
• Douleurs
• Saignements

Il est important de consulter un médecin dès lors qu’on suspecte un trouble de la cicatrisation, mais surtout en cas de signes d'infection de la plaie - cela peut conduire à une intoxication sanguine potentiellement mortelle (septicémie) :

• La blessure est très rouge, chaude et sent mauvais.
• La plaie est douloureuse et sécrète une importante quantité de liquide ou de pus.
• Les ganglions lymphatiques autour de la plaie sont enflés.
• Vous avez de la fièvre.

Les troubles de la cicatrisation sont relativement courants. Ils sont d’ailleurs considérés comme l'une des complications chirurgicales les plus fréquentes. Les personnes âgées de plus de 60 ans y sont particulièrement sujettes : elles souffrent trois fois plus souvent de blessures mal ou pas du tout cicatrisées que les jeunes. Cela est notamment dû au fait qu'ils sont plus susceptibles d'avoir des maladies sous-jacentes, qui sont elles-mêmes des facteurs de risque importants de troubles de la cicatrisation, quel que soit l'âge. Il s'agit généralement des maladies et troubles suivants :

• Diabète
• Maladies vasculaires (par exemple, insuffisance veineuse chronique ou maladie artérielle périphérique)
• Maladies de la peau
• Tumeurs (ainsi que les effets secondaires des traitements tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie)
• Un taux élevé de bilirubine (dû à des maladies du foie ou de la bile)
• Infections graves (VIH, tuberculose…)
• Anémie
• Déshydratation

D’autres causes peuvent aussi provoquer une mauvaise cicatrisation :

• Soins et traitement de la plaie : les plaies doivent être propres et recevoir suffisamment d'oxygène. Un pansement inadapté ou trop serré entrave l'apport d'air, tout comme une suture trop serrée ou retirée trop tard.
• Tabagisme : chez les fumeurs, le taux d’apparition de problèmes cicatrisation après une opération passe à 50 % (contre environ 20 % pour les non-fumeurs). Le tabagisme peut également augmenter la tendance aux saignements.
• Nutrition : étant donné que de nombreux systèmes corporels complexes sont impliqués dans la cicatrisation des plaies, le corps a besoin de suffisamment de protéines, de vitamines et de minéraux. Une carence en zinc, par exemple, peut ralentir la division cellulaire et affaiblir le système immunitaire - ce qui peut contribuer à une mauvaise cicatrisation et à l'inflammation des plaies.

Le traitement des troubles de la cicatrisation consiste généralement à éliminer la cause ou la maladie sous-jacente et doit être supervisé par un médecin. Cependant, même s'il n'y a pas de trouble ou de maladie grave de la cicatrisation, promouvoir et accélérer la guérison d’une plaie demande de la discipline. Que ce soit après une coupure avec un couteau de cuisine ou pour la cicatrisation d'une blessure après une opération, voici les règles à observer :

• Gardez la plaie propre et évitez de la toucher fréquemment. Attention : les produits de nettoyage agressifs ou les lavages trop fréquents ne sont pas recommandés.
• Protégez la blessure avec des pansements ou des bandages après l'avoir nettoyée. Cela permet également de créer un climat chaud et humide qui favorise la guérison de la plaie.
• Veillez à ce que le pansement ou les sutures n'exercent pas de tension sur les bords de la plaie.
• Optez pour une alimentation équilibrée, avec suffisamment de protéines, de fruits et de légumes. Ainsi, cela évitera la malnutrition et les carences qui peuvent perturber la cicatrisation des plaies. S’il vous est impossible de vous alimenter suffisamment en nutriments, demandez conseil à votre pharmacien. Celui-ci pourra vous recommander des compléments appropriés.
• Ne touchez pas à la cigarette : les fumeurs présentent beaucoup plus de troubles de la cicatrisation des plaies. Il est fortement recommandé d'arrêter de fumer, au moins durant la période précédant et suivant une opération.

Agents de cicatrisation des plaies

• Les sprays de désinfection aident à nettoyer les plaies de petite taille et à les protéger contre les infections.
• Dès qu'une plaie est refermée, les pommades de cicatrisation peuvent aider à accélérer la régénération de la peau. Les crèmes à base de dexpanthénol, de zinc ou les pommades antiseptiques à effet antibiotique sont particulièrement adaptées à cette fin.
• Pour une cicatrisation rapide et sans complications, un milieu humide – comme c’est le cas sous les croûtes – est souvent préférable à un milieu L'utilisation de gels hydroactifs, de plâtres et de pansements empêche la plaie de se dessécher et favorise une cicatrisation en milieu humide.

Certains remèdes ménagers s’avèrent efficaces dans le traitement des plaies simples (c’est-à-dire de petite taille et sans complications) :

• Le thé noir et la tisane à la camomille ont un effet désinfectant et hémostatique. Trempez une compresse dans du thé refroidi ou placez un sachet de thé froid sur la plaie.
• Les pommades à base de zinc et d'arnica favorisent la cicatrisation des plaies et ont un effet anti-inflammatoire. Elles sont disponibles en pharmacie ou parapharmacie.
• Le miel est également un agent naturel efficace pour la cicatrisation. Cependant, en tant que produit naturel, il n'est pas exempt de bactéries. Il est donc recommandé d'utiliser du miel médicinal disponible en pharmacie (Medihoney par exemple).
• L'huile essentielle de tea tree a un effet antiseptique et peut être utilisée pure ou diluée dans une huile végétale pour nettoyer les blessures. D'autre part, elle favorise également à la coagulation du sang.

Publié le : 16.11.2021
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